Ragondins, ibis : sus à l’invasion des nuisibles !
Introduits par l’homme, certains animaux originaires d’ailleurs se multiplient jusqu’à mettre en danger l’écosystème local. A Sainte-Marie-du-Mont, à Geffosses et dans la Baie du Mont, des promeneurs ont eu la surprise d’apercevoir des ibis sacrés. Reconnaissables à leur plumage blanc et à leur tête noire, ces échassiers…
... (taille 70 cm, envergure 1,20 m) aiment se prélasser dans les zones humides. Mais ce beau volatile jadis vénéré par les Égyptiens comme symbole du dieu Thot, gîte normalement en Afrique et en Irak, pas sur les côtes françaises.
Pas d’invasion d’ibis en vue
C’est l’homme qui a amené et sédentarisé ces oiseaux dans nos contrées. Le Parc animalier du Branféré, dans le Morbihan avait importé ces oiseaux du Kenya. Faute de contrôle des naissances, ils sont sortis de leur réserve et ont colonisé une grande partie de l’estuaire de la Loire, du lac de Grand-Lieu (près de Nantes) et du golfe du Morbihan. L’ibis est une espèce protégée et ne peut donc être chassé sans autorisation. Mais, quand ils s’installent en dortoirs importants, ces oiseaux omnivores modifient l’écosystème, en se nourrissant notamment d’œufs d’espèces endémiques comme la sterne ou la mouette. Fin 2007, la population était estimée en France à 3 000 couples et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), estimant qu’il y avait surpopulation, a réalisé une campagne d’éradication en Loire-Atlantique et dans le Morbihan.
Faut-il craindre une invasion d’ibis similaire dans les marais et baies manchois ? “Pas d’inquiétude, tempère David Guérin, technicien de la fédération des chasseurs de la Manche, ils sont encore très rares dans le département. Je n’en ai vu que deux fois en cinq ans, dans le marais d’Auvers.” Même son de cloche au Groupe Ornithologique Normand (GON) :”Dans la Manche, ces oiseaux n’en sont pas encore au stade de colonie de reproduction, et donc pas encore nuisibles au point de mettre en danger nos espèces locales. Ils préfèrent généralement les zones d’îlots plus arborées de la Loire. Pour le moment, ils ne sont qu’une dizaine à faires des incursions temporaires, mais il faut les surveiller de près.” déclare Jean-Baptiste James.
La multiplication des ragondins
Si les ibis sacrés ne menacent pas encore, chasseurs et ornithologues se préoccupent davantage d’autres espèces invasives. “L’érismature rousse, canard américain, met en danger l’érismature blanche européenne, quasiment disparue aujourd’hui à cause de l’hybridation entre les deux espèces”, indique Jean-Baptiste James. L’érismature rousse, encore rare dans le département, a été vue aux tanguières de Bréhal.
Mais finalement, l’ennemi invasif n°1, ne vole pas, mais nage et creuse : c’est le ragondin. Originaire d’Amérique du Sud, introduit en France à la fin du XIXe siècle pour sa fourrure, ce mammifère a envahi la Normandie. “En 1999, nous n’observions les ragondins que dans le sud- Manche, mais ils sont maintenant arrivés jusque dans La Hague”, s’inquiète David Guérin qui estime la population à plus de 6 000 animaux. Pour Arnaud Philippe, animateur à la réserve de Geffosses,“le ragondin n’a pas de prédateur naturel en France et se reproduit très vite. Il endommage les berges et est porteur de maladies. Ses galeries peuvent faire baisser le niveau des plans d’eau et entraîner une modification de l’écosystème”.Pour tenter de juguler cette invasion, la Fédération de la chasse fait régulièrement des campagnes de piégeages.
“L’ibis, le ragondin et l’érismature rousse ne sont pas venus de leurs propres chefs, il faut réguler leur présence”, déclare Jean-Baptiste James du GON. “Sur ces sujets, nous sommes en plein accord”, ajoute David Guérin.
Chasseurs et ornithologues font donc front commun contre les espèces invasives.
article de la Manche libre, j'ai trouvé ça ce matin....