Un film TERRIFIANT!
Voilà, en un seul mot, ce qui résume bien "Notre Pain Quotidien".
Je suis véritablement conquis et voici mes impressions:
C'est un film-documentaire que l'on peut qualifier de muet puisqu'il n'y a aucune parole vraiment identifiable. Quelques murmures inaudibles des cueilleurs de poivrons ou des abatteurs de bêtes, et seulement les cris des porcs lors du transport à l'abattoir, les mugissements des boeufs qui sentent leur dernière seconde approcher, les pépiements des poussins qui sont balancés dans des caisses comme de vulgaires cailloux, les frémissements des feuilles des pommiers recouvertes de pesticides.
Comme ces feuilles de pommiers, le film m'a fait quelque peu frémir dans le sens où il n'y a strictement aucun humour, tout est vrai et filmé sans effets spéciaux ou cascades réalisées avec des animaux en peluche.
Tout y passe: des cultures céréalières intensives baignées dans des pesticides et insecticides lancées depuis un avion, des cultures sous serres de poivrons (qui sont les légumes qui contiennent le plus de pesticides) ou de pommes, des oliviers secoués (comme une bouteille dans une mer déchaînée) par des machines du diable avec des bras métalliques qui enlacent le tronc de l'arbre pour une danse infernale.
Encore plus poignant (triste? choquant? les mots me manquent...): la vie des poussins éclos en couveuses géantes, triés d'une façon plus que brutale, selectionnés et malmenés sur des tapis roulants, et finissant propulsés dans des cagettes où ils sont entassés comme des sardines dans une boites. Ils sont nombreux à ne pas supporter tous ces chocs alors qu'ils ne sont encore qu'une petite boule jaune: les plus faibles finissent dans des cartons où ils agonisent dans le bruit assourdissant des machines-trieuses.
Ceux qui survivent sont "élevés" dans des poulaillers industriels. Chaque jour, l'éleveur rammasse les cadavres de ceux qui sont morts dans la nuit.
Nous suivons ainsi toute cette effroyable vie animale jusqu'à sa mort,qui a lieu dans les lieux de production intensive ou à l'abattoir pour les plus résistants d'entre eux.
Le plus marquant peut-être est cette même succession de vie sans échappatoire pour les vaches. De l'insémination articificielle jusqu'à ce que le boeuf entre dans un tunnel métallique où sa tête est emprisonnée par un énorme pince en acier. Vient ensuite l'homme. A ce moment là, l'animal comprend tout, il voit son congénère d'avant pendu par les pattes, il sent la mort. Il se débat et pousse un mussigement qui glace le sang.
C'est trop tard pour lui.
C'est vraiment un film qui fait réfléchir. C'est fascinant! Comment autant de souffrance animale? Comment autant de pesticides et d'herbicides pourtant si dangereux pour notre santé se retrouvent-ils dans nos fruits et légumes préférés.
Ce productivisme sans ménagement et sans pitié pour les animaux va conduire probablement à de gros soucis pour l'homme (et je pèse mes mots), et je pense que "la vache folle" n'est qu'un amuse-gueule (permettez-moi l'expression
) avant le plat de résistance
Non, je n'ai absolument pas ri de tout le film, et pourtant je me surprends souvent à trouver des choses drôles là où il n'y en a pas.
Non, rien n'est drôle. Pas même ce moment où l'ouvrier de l'abattoir répond à son téléphone portable tout en découpant à la scie mécanique une carcasse de vache fraîchement abattue.
Allez voir ce film si vous en avez l'occasion. Il dégoûte aussi bien qu'il développe notre interêt.
C'est typiquement le genre de film-documentaire qui ne passera PAS sur TF1 et encore moins à 20h50.
Et pourtant... ça me semblerait une bonne chose que chacun puisse le voir au moins une fois.